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« Réfugiés environnementaux », « migrants climatiques », « déplacés forcés de l’environnement » … Ces termes ne sont que quelques exemples parmi la vaste multitude de dénominations utilisées pour décrire
les déplacés environnementaux. En effet, il n’existe aujourd’hui aucun consensus sur la définition de cette catégorie de déplacés. Mais la question des termes est plus qu’une simple question de vocabulaire. Le problème de la dénomination se situe au cœur même de notre controverse. Chaque choix de définition révèle une conceptualisation spécifique de ces phénomènes en définissant des liens entre migration et environnement, le degré de choix dans la décision de migrer, la temporalité de la migration ainsi que les régimes de protection pour ces populations. Ainsi, l’emploi de « réfugiés climatiques » ne prescrirait pas les mêmes programmes d’actions que « migrants climatiques ». Utiliser un terme plutôt qu’un autre a donc des conséquences concrètes dépassant le débat sémantique.  


Les termes utilisés donnent également une tonalité et un cadrage spécifique aux discours des acteurs permettant de sensibiliser des publics divers et de manière différente. Ainsi, la notion de « réfugiés climatiques » est souvent reprise par les médias, des ONG, comme Friends of the Earth UK et Australia,
et des activistes, comme la réalisatrice Gilliane le Gallic que nous avons interviewé. Cette formule choc est utilisée pour alerter le public de l’imminence de la « vague » de réfugiés forcés de se déplacer et des conséquences de la dégradation de l’environnement par le réchauffement climatique. Mais cette notion
« alarmiste » est rejetée dans l’arène académique et institutionnelle pour son inexactitude juridique et scientifique. Elle est aussi critiquée par les personnes même qu’elle désire protéger, comme les habitants des îles Tuvalu et les déplacés de l’Ouragan Katrina, à cause de son caractère jugé victimisant.


Nous devons également noter l’importance des qualificatifs associés à ces types de déplacements. Plusieurs formulations apparaissent : « climatiques », « environnementaux », « induits par le changement climatique » … Encore une fois, le choix des mots est important. Ainsi, le terme « climatique » permet souvent de mettre l’accent sur les causes anthropiques du réchauffement climatique, impliquant en théorie la responsabilité des pays plus pollueurs. Il inclut à la fois les processus climatiques lents qui menacent les moyens de subsistance des habitants de façon durable, comme la salinisation des sols dans les îles du Pacifique ou la désertification, mais aussi les événements climatiques soudains comme les ouragans. L’adjectif « environnementaux » est parfois préféré pour son caractère plus large car il englobe aussi les phénomènes naturels tels que les éruptions volcaniques ou les séismes. Enfin, le termes « induits par », « liés à » ou « dans le contexte de » permettent de montrer la multi-causalité des déplacements. Ces adjectifs permettent ainsi de définir la cause des déplacements et donc les groupes de population à protéger tout en définissant de manière sous-jacente la responsabilité écologique des Etats.  


Nous sommes entrés dans la controverse par cette notion médiatisée de « réfugiés climatiques » dans le but de la déconstruire. Au fil de nos recherches et à l’issue de nombreux entretiens, nous avons positionné les acteurs en fonction de quatre grands groupes de dénomination : les « réfugiés », les « déplacés », les
« migrants » et « autres ».

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tableau
La Cimade
Alex
Randall
Lester Brown
AOSIS
Programme des Nations unies pour l'Environnement
Walter Kaelin
Nicole
de Moor
Dina Ionesco
Jane
Mc Adam
France Terre d'Asile
Collectif Argos
Norman Myers
Catherine Wihtol de Wenden
Les Amis
de la Terre
Programme des Nations unies pour l'Environnement
La Banque mondiale
Les Amis
de la Terre
Gilliane
Le Gallic
Convention for displaced
persons and climate change
Le Haut Comissariat des Réfugiés
L'Union européenne
François Gemmene
L'Union européenne
Michel Prieur
Alex
Randall
Model International Mobility Convention
Convention de Kampala
Christel Cournil
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