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Réfugiés 

Les acteurs qui utilisent ce terme

Lester Brown
Collectif Argos
AOSIS
Norman Myers
Gilliane
Le Gallic
Les Amis
de la Terre

Les sens que recouvrent ce terme

Les dénominations « réfugiés climatiques » et « réfugiés environnementaux » sont les termes suscitant le plus de débat depuis l’essor de la question des déplacements environnementaux. Pourtant, ils semblent aujourd’hui être les termes les plus popularisés et vulgarisés auprès de l’opinion commune pour désigner le phénomène les déplacements pour raisons environnementales. Il est privilégié par les médias et par les organisations non gouvernementales.


Le terme « réfugiés » fut introduit dans le cercle onusien par la publication phare du Programme des Nations Unies (PNUE),
« Réfugiés Environnementaux », en 1985, où ceux-ci sont définis comme « des personnes forcées de quitter leur habitation traditionnelle et permanent en raison d’une rupture environnementale significative (naturelle ou produite par l’homme) qui met en danger leur existence et affecte leur qualité de vie ». Quelques cinq ans auparavant, les habitants de l’île de Lohachara dans le delta du Gange étaient évacués du fait de sa submersion imminente, ce qui a peut-être contribué au cadrage des « réfugiés environnementaux » comme victimes tout en l’inscrivant dans une certaine urgence. Faisant échos aux réfugiés politiques, le terme « réfugiés » est utilisé pour décrire des mouvements transfrontaliers forcés et nécessitant une protection internationale urgente.


Il ne faut pas oublier que le terme a été conçu par Lester Brown en 1974 dans un rapport pour l’ONG environnementaliste World Watch Institute. « Réfugiés environnementaux » reste aujourd’hui très utilisé précisément dans cette arène activiste environnementaliste et dans la sphère médiatique pour donner un visage concret et humain au réchauffement climatique. Ce terme est favorisé pour sensibiliser à une double protection : une protection environnementale et une protection humanitaire.


Parmi les acteurs étudiés, outre Lester Brown et le professeur El Hinnawi à l’origine du rapport du PNUE, et l’expert de l’environnement Norman Myers, les seuls acteurs favorisant l’utilisation du terme « réfugiés climatiques » sont en effet les ONG Friends of the Earth UK et Australia, Alofa Tuvalu, le Collectif Argos et l’organisation internationale AOSIS. Cependant, le terme « réfugié » a rapidement été critiqué non seulement par des universitaires, des juristes et des experts de l’arène onusienne, mais aussi par les populations même qu’il est supposé définir.


En effet, cette terminologie suscite un problème d’ordre juridique puisque le terme de « réfugié » est défini par la Convention de Genève de 1951 sur les Réfugiés et le Protocole de 1967: «Une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans lequel elle a sa résidence habituelle, et qui du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses opinions politiques craint avec raison d’être persécutée et ne peut se réclamer de la protection de ce pays ou en raison de ladite crainte ne peut y retourner »  (art. 1). Cette définition canonique du droit international n’inclue pas les déplacements forcés liés aux dégradations environnementales et climatiques. L’idée que le climat soit considéré comme un acteur persécutant au même titre qu’un gouvernement semble non seulement juridiquement fallacieuse mais aussi intellectuellement exagérée pour plusieurs de nos acteurs. Admettre que le climat peut « persécuter » des populations, risquerait aussi de simplifier le lien entre migration et environnement. La notion de « réfugiés climatiques » permet d’établir un lien direct entre dégradation environnementale et déplacement. Or, pour plusieurs acteurs, cette causalité réduirait la complexité des déplacements. En outre, cette définition n’inclue pas les déplacés internes qui constituent la majorité de ce type de déplacements.  L’emploi cette catégorie risquerait de sous-estimer l’étendue du problème des migrations climatiques.


Enfin, cette catégorisation est critiquée car elle suscite la « victimisation » des populations concernées en les présentant comme des victimes impuissantes et non comme des citoyens actifs. En effet, il a été rejeté par certaines populations comme les habitants du Tuvalu qui s’opposent à l’étiquette médiatique des « premiers réfugiés climatiques » (entretiens avec Walter Kaelin et Gillianne le Gallic). Un autre cas représentatif de cette contestation est le refus des personnes déplacées par l’ouragan Katrina d’accepter la labellisation médiatique de « réfugiés de Katrina », préférant « évacués »
ou « survivants » qui porteraient une connotation moins victimisante (Gemenne, Severo et Venturini, 2012).

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