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Gilliane Le Gallic est une réalisatrice de film d’origine française. En 1990, elle a initié la célébration du Jour de la Terre dans les pays francophones, qui promeut les actions menées pour la protection de l’environnement. C’est en 2003, qu’elle se rend pour la première fois à Tuvalu pour tourner le film “Nuages au paradis”, qui porte sur la situation de cet archipel de 9 îles menacées de submersion en raison de l’impact du changement climatique. En 2004, elle y retourne et propose au gouvernement et à la population de 11 000 habitants son projet d’assistance “Small Is Beautiful”, basé sur des pratiques respectueuses de l’environnement. En février 2005, elle crée l’association Alofa Tuvalu (“Aimer Tuvalu”) qui rassemble des membres de la société civile pour mener des actions concrètes sur l’archipel et pour faire du lobbying auprès des organisations internationales. Maintenant à la retraite, son dernier voyage à Tuvalu remonte à 2012.

L'entretien que nous avons réalisé avec Gilliane Le Gallic retrace son engagement pendant plus de dix ans pour les habitants de cet archipel du Pacifique Sud.  

Les documents consultables

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http://www.alofatuvalu.tv/ (site d’Alofa Tuvalu)

Gilliane Le Gallic

“Donc il y avait deux options : ou bien s’appuyer sur une volonté d’un des premiers ministres de poursuivre les Etats-unis pour n’avoir pas signé le Protocole de Kyoto ou au contraire de prendre une option positive, en les présentant comme le symbole de ce qui va nous arriver mais en en faisant un exemple de développement durable, que vous pouvez reproduire.”

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Sur le débat sémantique : “réfugié climatique”,  “ça ne renvoie pas à un statut mais ça veut quand même dire quelque chose”.

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L’association Alofa Tuvalu, créée et gérée par Gilliane Le Gallic, utilise le terme “réfugiés climatiques" pour qualifier la situation future dans laquelle vont se retrouver les Tuvaluens si l’élévation du niveau de la mer finit effectivement par submerger leurs îles. Consciente que ce terme ne renvoie pas au statut de réfugié définit par la Convention de Genève de 1951, elle explique son utilisation ainsi : “ça ne renvoie pas à un statut mais ça veut quand même dire quelque chose. C’est pas parce qu’un truc n’est pas reconnu dans un texte officiel que ça n’existe pas.”

En étant au contact de la population tuvaluenne, Gilliane Le Gallic a relevé comment les Tuvaluens se positionnent face au terme “réfugiés climatiques”, utilisé par certains journalistes pour les qualifier. Ainsi, au cours de l’entretien, elle nous a montré une vidéo d’une pièce de théâtre jouée en 2010 par des enfants de l’archipel où ces derniers tiennent une pancarte sur laquelle figure l’inscription “We don’t want to be called refugee”.  

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Sur la question de la quantification : 150 millions de réfugiés climatiques dans le monde d’ici 2050

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Gilliane Le Gallic se réfère aux chiffres officiels avancés par l’ONU qui estime que d’ici 2050, il y aura plus de 150 millions de réfugiés climatiques dans le monde. .

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Qui doit agir ? C’est moins la responsabilité des Tuvaluens que celle des pays développés

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Dans le cas de Tuvalu, plusieurs types d’acteurs peuvent agir pour améliorer la situation de vulnérabilité de ces habitants. Mais selon Gilliane Le Gallic, tous n’ont pas la même capacité à agir ni le même devoir d’agir. En effet, elle explique que les Tuvaluens ont un impact tellement minime sur le changement climatique que l’on ne peut pas dire qu’ils sont responsables des dérèglements du climat. De plus, elle précise qu’ils ne possèdent pas de revenus suffisants pour agir. Malgré cela, à travers les actions menées par Alofa Tuvalu, Gilliane Le Gallic explique avoir cherché à faire de ces habitants des acteurs positifs du changement puisqu’ils ont adopté des comportements durables pour la planète, reproductibles à travers le monde.  

Au contraire, Gilliane Le Gallic explique que les responsables évidents de cette situation sont les pays développés et industrialisés qui ont contribué fortement au changement climatique. C’est pour cette raison qu’elle a longtemps envisagé d’axer la stratégie de communication de Tuvalu “sur une volonté d’un des premiers ministres de poursuivre les Etats-unis pour n’avoir pas signé le Protocole de Kyoto”. Par ailleurs, elle explique que les pays voisins développés n’aident pas vraiment les Tuvaluens, notamment pour l’accueil d’une partie de leur population. Elle résume la réponse de l’Australie ainsi : “Écoutez on a déjà pas mal de migrants qui sont en prison. Donc nous on vend des terres, vous ne voulez pas en prendre ?” et celle de la Nouvelle-Zélande ainsi : “Longtemps j’ai cru que la Nouvelle-Zélande acceptait des migrants, mais c’est faux.”

Pour ce qui est des organisations internationales, elle adopte un regard désabusé vis à vis de leur volonté de changer les choses : “ma conclusion après quinze ans, c’est que ces grandes organisations sont très bien payées et elles n’ont pas intérêt à régler les problèmes.”

Pour finir, Gilliane Le Gallic adopte une position ambigüe sur le rôle de la société civile de changer la situation de ces personnes. En effet, elle considère que si les Tuvaluens sont capables d’agir pour changer les choses, elle pense aussi “qu’ils n’ont pas cette mentalité de prendre des initiatives et peut-être pas non plus la vision à long terme”, qu’ils sont en somme “peut-être un peu attentistes”. Toutefois, elle insiste sur le fait qu’en aucun cas, des experts doivent agir complètement pour le compte des Tuvaluens, mais qu’il faut les traiter “comme des égaux, comme des alliés, comme des gens ayant autant de connaissances même si elles sont différentes des nôtres, cela fonctionne.”

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Comment agir ? De nombreuses solutions évoquées mais un pessimisme certain quant à leur application

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Avec Alofa Tuvalu, Gilliane Le Gallic a décidé de “prendre une option positive, en les présentant comme le symbole de ce qui va nous arriver mais en en faisant un exemple de développement durable, que vous pouvez reproduire.” Ainsi, avec son association, elle a mené à la fois des actions concrètes pour la sauvegarde de l’environnement comme l'utilisation de biogaz, de voitures électriques… et des actions de sensibilisation auprès des enfants, de la population, auprès de la communauté internationale en organisant notamment la première conférence de presse de Tuvalu à la COP de Copenhague et aussi auprès de l'Église qui disait encore en 2003 “Dieu a dit qu’il n’y aurait pas de deuxième déluge”

Cependant, elle demeure très pessimiste sur l’efficacité des mesures d’adaptation : “je ne vois pas comment on peut s’adapter à l'eau qui monte. Je veux dire que lors des grandes marées, l’île capitale est complètement submergée. Il y a même un mec qui est sur son petit canoë sur l’île. Donc même si les maisons sont sur pilotis, il faut quand même se déplacer, il faut manger…” Elle synthétise par ces mots son opinion : “Il n’y a rien à faire. Vraiment, il n’y a rien à faire.”

Pourtant, pendant ces années d’action à Tuvalu, elle a envisagé de nombreuses solutions : pomper du sable dans le lagon pour rallonger la plage sur l’île capitale ou bien pour créer une île artificielle, acheter une île qui corresponde à leur mode de vie et à leur climat ou encore mettre un vieux cruise ship  dans le lagon sur lequel les gens pourraient se réfugier dès que l’eau monterait.

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Parcours

 

1990 : elle initie le Jour de la Terre dans les pays francophones

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2003 : premier voyage à Tuvalu pour son film “Nuages au paradis”

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2004 : second voyage à Tuvalu et début du projet “Small Is Beautiful”

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2005 : création de l’association franco-tuvaluenne Alofa Tuvalu

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2005-2012 : un voyage par an avec des séjours de plusieurs mois

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