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Michel Prieur

Chercheur en droit de l’environnement et plus particulièrement en droit des catastrophes, Michel Prieur dirige actuellement le Centre de Recherches Interdisciplinaires en Droit de l’Environnement de l’Aménagement et de l’Urbanisme (CRIDEAU).

 

Michel Prieur a fondé et dirigé plusieurs revues sur le droit de l’environnement, notamment la Revue Juridique de l’environnement, qu’il dirige encore aujourd’hui, et la Revue européenne du Droit de l’Environnement, publiée sous sa direction de 1999 à 2009. Il compte à son oeuvre plus de 230 articles et 25 ouvrages sur le droit de l’environnement, et de nombreuses contributions à la rédaction de textes de droit international.

 

Chercheur extrêmement reconnu dans son domaine, Michel Prieur est représentant titulaire de la France au Conseil européen du Droit de l’Environnement, Président adjoint de la Commission droit de l’environnement de l’UICN, membre du Conseil international du droit de l’environnement, président d’honneur de la Société française pour le droit de l’environnement et de l’Association européenne du droit de l’environnement, membre de la Commission nationale du développement durable, et membre du comité d’application de la convention d’Espoo sur les études d’impact transfrontières à L’ONU, Genève et de la Convention de Barcelone sur la Méditerrannée.

 

Il fonde en 1982 le Centre International de Droit Comparé de l’Environnement (CIDCE), dont il est actuellement président. Cette ONG, composée de juristes de l’environnement, a notamment le statut consultatif au Conseil économique et social des Nations unies, le statut d’observateur auprès de la Convention de Barcelone et de ses Protocoles sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée et de la Convention ESPOO. Elle a été accréditée à Rio en 1992, à Johannesburg en 2002 et à Rio en 2012. Elle est également membre de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

 

Le CIDCE est à l’origine de la Convention de Limoges, projet de convention internationale relative au statut international des déplacés environnementaux, dont Michel Prieur est co-auteur.

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Ses collègues du monde entier lui ont rendu hommage dans un ouvrage publié chez Dalloz en 2007 : “Pour un droit commun de l’environnement”

Sur le débat sémantique : des déplacés de l'environnement

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“On a considéré que politiquement et juridiquement, le mot réfugié était consacré au politique, et qu’il ne fallait pas tout mélanger.”

 

Pour Michel Prieur, on parle de “déplacés de l’environnement”. Le terme “réfugié climatique” est inexploitable, car les réfugiés sont clairement définis dans la Convention de Genève et que les personnes déplacées du fait de changements climatiques ou environnementaux ne correspondent pas au critère de persécution qui y est établi. Dans le contexte politique actuel, modifier la Convention de Genève risquerait de l’affaiblir.

De plus, de nombreuses causes environnementales peuvent aboutir à des déplacements de personnes, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles ou de dégradations progressives de l’environnement. Or, dans certaines de ces situations, le déplacement est interne au pays où cette dégradation s’est produite, il est donc d’autant moins envisageable de parler de réfugiés.

 

“[dans le cadre de la Convention de Limoges] On appelle “déplacés environnementaux”, les personnes physiques, les familles, groupes et populations confrontées à un bouleversement brutal et insidieux de l’environnement, portant atteinte à leur vie.”

 

Sur la question de la quantification : elle n'a pas d'importance

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“Au niveau des droits de l’homme, un déplacé, ça suffit pour mériter une protection juridique. Qu’il y en ait 10, 20, 100 millions, c’est un problème pour la gestion opérationnelle, mais sur le plan juridique, c’est pareil.” (entretien que nous avons eu avec Michel Prieur).

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Qui doit agir ? La communauté internationale

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Pour Michel Prieur, c’est la communauté internationale dans son ensemble qui doit agir à ce niveau. Il faut à tout prix éviter de désigner un responsable, parce que cela bloque les négociations. Pour l’instant, l’urgence est à obtenir un consensus sur les modalités de prise en charge des déplacés environnementaux.

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Comment agir ? En adoptant des textes de droit international contraignants et en anticipant.

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Ainsi, trois axes seraient à privilégier dans l’action pour les déplacés environnementaux.

 

Le premier est une direction générale : ne pas s’enfermer dans le climat. Le climat est actuellement la cause de déplacement la plus répandue médiatiquement, mais le danger à ne traiter que de cela est de bloquer les négociations en cherchant un ou des responsables pour supporter les coûts de la prise en charge. La prise en charge des déplacés environnementaux doit passer par le droit des catastrophes, qui existe déjà et constitue une “porte d’entrée” plus consensuelle.

 

Le deuxième axe est celui du droit contraignant. Deux courants sont en effet à distinguer dans le droit international : le soft law et le hard law. Pour lui, seul le hard law permettra de venir efficacement à bout du problème, en contraignant les Etats à agir lorsqu’ils doivent le faire : “Pour moi, le droit n’existe que s’il est obligatoire, sinon il n’existe pas. [...] Gandhi disait : ‘Il faut être utopiste mais réaliste.’ Et il n’y a que les réalistes-utopistes qui y arrivent.”. La solution est donc l’adoption d’une Convention de droit international portant sur le statut des déplacés environnementaux.

 

Enfin, le troisième axe est celui de la prévention. Cette dernière est en effet à privilégier, car elle permet d’établir des plans d’anticipation efficaces : “on ne peut peut-être pas prévoir le moment où elle va avoir lieu [la catastrophe], mais on peut savoir la façon dont elle va se dérouler, et à ce moment-là prendre des mesures à la source, en anticipant. Et donc en appliquant des principes du droit de l’environnement : correction à la source, prévention…”

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Parcours

 

1964 : diplômé de Sciences Po Paris

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1965 : diplômé de l’Institut des Hautes études internationales de Paris

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1967 : obtient son doctorat en droit et le prix de thèse de la faculté du droit de Paris Panthéon

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1969 : obtient son agrégation de droit public et de sciences politiques

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1969 : création du CRIDEAU, centre de recherches rattaché au CNRS et à l’INRA

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1974 : création de la Société française pour le droit de l’environnement

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1976 : Revue Juridique de l’Environnement

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1982 : création du CIDCE

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1988-1992 : Doyen de la Faculté de droit de l’Université de Limoges

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1997-2009 : direction de la Revue européenne de droit de l’environnement

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2004 : devient professeur émérite à l’Université de Limoges

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2007 : vice-président de la commission “gouvernance et démocratie écologique” pour la préparation du Grenelle de l’environnement

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2010 : devient Docteur Honoris causa à l’Université de Zaragoza

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2011 : devient Docteur Honoris causa à l’Université d’écologie de Bucarest, l’Université de Sherbrooke et l’Université du Littoral de Santa Fe

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Publications

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2017 : Précis Droit de l’environnement, éditions Dalloz

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2014 : Droit de l’environnement, droit durable aux éditions Bruylant-Larcier

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2012 : La non régression en droit de l’environnement

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2008 : Projet de Convention de Limoges

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2007 : Droit de l’environnement aux éditions Eyrolles

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2003-2005 : Charte constitutionnelle de l’environnement

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1990-2000 : Préparation du Code de l’environnement

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