top of page

Catherine Wihtol de Wenden
est spécialiste des migrations internationales et des sciences politiques. Engagée pour un droit à l’immigration, elle est une actrice liant plusieurs institutions telles que l’OCDE, le HCR, l’Union européenne, le CNRS
ou encore l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

Catherine Wihtol

de Wanden

« Si les réfugiés sont des migrants, je crois qu’il ne faut pas inclure l’un et l’autre. »

​

Sur le débat sémantique : des "déplacés environnementaux"

​

Catherine Wihtol de Wenden parle de « déplacés environnementaux » car le terme de « réfugié » n’est pas reconnu par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU ni par la Convention de Genève. De plus, elle défend une approche multicausale des raisons de refuge, selon laquelle les personnes ne se déplacent pas uniquement en raison du changement climatique.  Catherine Wihtol de Wenden reconnait cependant que la causalité climatique est peut-être plus explicite dans le cas de la montée des eaux, aux Maldives par exemple. Le terme de « déplacés environnementaux » est donc large, de façon à convenir à un discours institutionnel rassemblant des domaines d’étude variés : environnement, climat, déforestation ou encore montée des eaux. Il désigne principalement des populations pauvres qui n’ont pas encore bougé. Pour l’instant, 3,4% de la population mondiale est en situation de migration internationale. Il y aurait pour l’instant plus de
« déplacés environnementaux » en puissance qu’en réel mouvement.

 

Sur la question de la quantification : 150 à 200 millions de personnes concernées mais une réalité plus complexe

​

Les chiffres des institutions climatiques sont repris, comme ceux donnés par le rapport Stern sur le changement climatique. Il est difficile d’obtenir un nombre fixe car il faut prendre en compte les retours qui influent sur la temporalité des migrations. Si des causes climatiques peuvent être relevées dans le cadre de conflits motivant des migrations, il n’est pas exclu que ces tensions s’apaisent un jour. A l’image des retours observés chez ceux qui ont quitté l’ex-Yougoslavie, les déplacés Syriens pourraient un jour revenir vers leur pays.

​

Qui doit agir ? La responsabilité est commune mais partagée

​

Pour Catherine Wihtol de Wenden, les rapports aux migrations dépendent des espaces concernés et donc des pays d’accueil. Pour l’instant, la majorité des « déplacements environnementaux » se ferait de manière interne aux pays mais cette situation pourrait évoluer ; une protection internationale devrait alors être envisagée. Catherine Wihtol de Wenden cite plusieurs tentatives de mise en place de statut pour les « déplacés climatiques », comme l’initiative de Nansen de 2011 mais regrette son approche encore très régionale. Elle met également en garde contre une action humanitaire qui, faute de statut, ne pourrait constituer qu’une protection temporaire et qui dédouanerait les Etats d’agir sur le problème des « déplacements environnementaux ».

​

Comment agir ? Par la mise en place de statuts et l’élargissement des droits à la mobilité

​

Catherine Wihtol de Wenden encourage les Etats à accepter la Convention de Genève sur le statut de réfugiés et dont l’interprétation serait trop stricte. Elle n’appelle pas à la fusion des termes de « migrants » et de « réfugiés » mais à une extension des droits à la mobilité pour les personnes en situation de crise. Si l’ONU prend la charge de cette question, elle ne devrait pas, selon la spécialiste, oublier la dimension régionale des déplacements. Les pays du Sud doivent pouvoir sensibiliser eux-mêmes et de façon efficace leur population au risque environnemental.

​

​

​

​

​

​

Publications

 

2010 : La question migratoire au XXIe siècle. Migrants, réfugiés et relations internationales, Presses de Sciences Po

​

2005 : Atlas des migrations dans le monde : réfugiés ou migrants volontaires, Autrement.

​

2002 : article “La dynamique mondiale des flux migratoires”, dans la revue Esprit.

​

1994 : Le défi migratoire. Questions de relations internationales, Presses de Sciences Po.

​

1999 : participation au numéro spécial “Migration and social change in Australia, France and Germany” de la revue IMIS Beiträge.

bottom of page