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Jane McAdam est professeur de droit à l’université de Sydney où elle dirige le “Andrew & Renata Kaldor Centre for International Refugee Law”. Elle est également chercheuse associée au Centre d’études sur les réfugiés de l’université d’Oxford et de l'Institut Nansen.

Spécialiste du droit international des réfugiés et des migrations forcées, elle s’intéresse particulièrement aux désastres liés au changement climatique provoquant des déplacements et des relocalisations transfrontalières, notamment dans la région du Pacifique. Elle est aussi éditrice-en-chef du International Journal of Refugee Law, un des plus influents dans ce domaine.

Elle a été conseillère experte au HCR, à l’OIM et au sein du groupe de travail “Changement environnemental et migration”, à la Banque mondiale.

Pour ses travaux de recherches comprenant neuf livres, soixante articles et de nombreuses autres contributions, elle a été élue en 2015, parmi les dix femmes les plus influentes d’Australie et a reçu en 2017 le prestigieux prix Gulbenkian pour les Droits de l’homme pour son travail sur les réfugiés et les migrations forcées.

Les documents consultables

https://www.youtube.com/watch?v=c7fICabMHzg (vidéo d’Anaëlle)

Jane Mc Adam

“Well I think we need to be cautious in saying international law can't deal with this issue at all because there are elements that can.”

Sur le débat sémantique : “Climate Change Related Movements”

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Jane McAdam défend la thèse de la mutlicausalité selon laquelle le changement climatique ne peut pas être à lui seul, une cause de migration. Les populations se déplacent parce que le changement climatique exacerbe des pressions socio-économiques et environnementales qui pèsent sur elles et qui les rendent vulnérables.

De nombreux collaborateurs à l’initiative Nansen expliquent aussi que ces mouvements se font le plus souvent en réponse à “des changements associés”, à “des effets combinés”. C’est-à-dire que leur déplacement résulte à la fois de conditions climatiques qui les affectent et aussi d’autres facteurs : la taille de la famille, la productivité des zones, la recherche d’aires agraires, la recherche d’une zone scolaire, l’accès à des ressources vitales (nourriture, eau)...

C’est pour traduire la multicausalité de ces mouvement de populations que la chercheuse utilise les terme anglais de "climate change-related movements" ou "climate-related movement".

 

Jane McAdam s’oppose à l’utilisation du terme “réfugié climatique” car elle considère qu’il va à l’encontre de la Convention de Genève de 1951. D’abord, ces personnes ne fuient pas leur gouvernement mais se déplacent en raison du changement climatique. De plus, elles ne franchissent pas nécessairement des frontière internationales puisque la majorité se déplacent à l’intérieur de leur pays. Ensuite, la Convention de Genève entend par “persécution” une violation particulièrement sérieuse des droits de l’homme par un “persécuteur” et ce, envers une race, une religion, une nationalité, une opinion politique ou envers les membres d’un groupe social particulier. Or, dans le cas des mouvements liés au changement climatique, on ne peut pas considérer le changement climatique comme un persécuteur, donc ces personnes ne peuvent pas constituer un groupe particulier. Certes, ces personnes subissent une brêche dans leurs droits socio-économiques, mais la Convention de Genève ne peut s’appliquer.

 

Sur la question de la quantification : Une quantification précise est impossible

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Si l’ONU estime qu’il y aura entre 100 et 250 millions de personnes dont le déplacement sera lié au changement climatique d’ici 2050, Jane McAdam explique que ces chiffres restent incertains pour de plusieurs raisons.

Aucune définition commune des termes “migrant climatique” ou “réfugié climatique” n'a été établie, on ne sait donc pas qui compter. Il est impossible de chiffrer précisément le nombre de personnes se déplaçant “à cause” du changement climatique puisqu’il y a une interconnexion de différents facteurs (environnement, économique, social, politique). De plus, ces mouvements liés au changement climatique demeurent principalement internes aux pays d’origines et demeurent par là un phénomène invisible en termes légaux et bureaucratiques (pas de visas spécifiques, pas de statistiques…).

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Qui doit agir ? Il est impossible d’établir les liens de causalité

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Le réchauffement climatique étant de nature globale, il s'avère impossible d'attribuer la responsabilité des émissions de gaz à effet de serre à un Etat en particulier. Ces liens de causalité étant quasiment impossible à établir, il faut donc avant tout se concentrer sur les besoins de protection des populations concernées.

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Comment agir ? Faire évoluer la base normative déjà existante

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Les régimes légaux existants ne fournissent pas de protection adéquate pour les personnes dont le mouvement est lié au changement climatique. Il faut donc se pencher sur la base normative déjà existante constituée par : les droits de l’homme internationaux, les droits des réfugiés, les principes internationaux de dignité humaine… afin d’apporter des normes spécifiques pour protéger cette catégorie.

En plus de la Convention de Genève, des pays ont mis en place un système de protection complémentaire “en cas de traitements inhumains” et ont établi le principe de non-refoulement. Dès que les droits de l’Homme suivants sont mis en danger : droits à la vie, à la santé, à l’habitat, à l'autodétermination… Les Etats d’accueil sont obligés d’assurer des standards minimums de traitement et une base légale de protection envers ces populations. Jane McAdam défend l’idée qu’il faut aller vers une interprétation progressive de ces systèmes de protection complémentaire en les étendant aux personnes dont le déplacement est lié au changement climatique. Deux droits de l’homme seront pertinents : le droit à la vie et le droit à ne pas être sujet à des traitements inhumains.

Elle considère aussi qu’il convient d’adopter une approche bottom-up qui consiste à commencer par analyser les besoins des communautés affectées pour que les organisations nationales, régionales et internationales y répondent. C’est pour cela des études de terrain sont indispensables.

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Publications

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Refugees: Why Seeking Asylum Is Legal and Australia's Policies Are Not - J McAdam and F Chong, (UNSW Press, Sydney, 2014)

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The Global Reach of European Refugee Law - H Lambert, J McAdam and M Fullerton, (Cambridge University Press, Cambridge, 2013)

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Climate Change, Forced Migration, and International Law - J McAdam, (Oxford University Press, Oxford, 2012)

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Climate Change and Australia : Warming to the Global Challenge - B Saul, S Sherwood, J McAdam, T Stephens and J Slezak, (Federation Press, Sydney, 2012)

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Climate Change and Displacement: Multidisciplinary Perspectives - J McAdam, (Hart Publishing, Oxford, 2010)

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Forced Migration, Human Rights and Security - J McAdam, (Hart Publishing, Oxford, 2008)

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Complementary Protection in International Refugee Law - J McAdam, (Oxford University Press, Oxford, 2007)

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The Refugee in International Law - GS Goodwin-Gill & J McAdam, (3ème édition, Oxford University Press, Oxford, 2007)

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Displaced Worlds : Experience and History in Modern Europe - J McAdam, (Sydney Studies in History No 4, University of Sydney, 1995)

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